Guérir est toujours possible
La plupart du temps, consciemment ou non, l’être humain éprouve une sensation de supériorité face aux éléments naturels, et plus largement à tout ce qui l’entoure.
Outre les animaux auxquels l’homo sapiens a imposé sa volonté depuis fort longtemps, le monde moderne et ses technologies ont conféré aux hommes d’aujourd’hui un sentiment d’infaillibilité. Une meilleure hygiène et les progrès de la médecine tout au long du XXe siècle ont permis d’allonger considérablement l’espérance de vie, au point que l’on ne parle plus de « troisième âge » comme terme de l’existence, mais désormais de l entrée dans un « quatrième âge », le nombre des centenaires étant en constante augmentation.
De fait, les spécialistes considèrent qu’une fille sur deux qui naît en ce début de XXIe siècle sera très probablement centenaire. Ces données tendraient à nous faire oublier que le corps humain est fragile, quelquefois douloureux, et au bout du compte s’use naturellement. Tant et si bien qu’à un moment ou un autre, à tout âge, la maladie peut survenir et altérer plus ou moins gravement les fonctions de celui ou celle qui en subit les effets. Dès lors, c’est à la médecine qu’il faut s’en remettre pour endiguer le mal et tenter de retrouver une santé équilibrée.
Dans la grande majorité des cas, un traitement adapté suffit à rétablir l’harmonie et le bon fonctionnement au sein de cette fabuleuse machine biologique qu’est le corps humain, après quoi il est possible de revenir progressivement à une activité normale. Mais il est aussi des circonstances où la maladie continue de progresser, bouscule les défenses naturelles de l’individu et contourne les barrières dressées par les traitements médicaux.
Il s’ensuit une dégradation plus ou moins rapide de l’état du malade, que rien ne semble pouvoir contenir ou ralentir, la science étant parvenue aux limites de ses capacités. On constate alors soit une longue et lente altération des facultés du patient, soit dans les cas extrêmes une aggravation considérée comme irrémédiable, l’expression consacrée voulant dès lors que le malade soit « condamné par la médecine ». C’est alors, dans certains cas, que survient un phénomène inexplicable, qui consiste en une guérison spectaculaire du patient jugé perdu : un cancer disparaît sans raison, une tumeur se résorbe spontanément, un paralytique retrouve l’usage de ses jambes et marche, etc. Comme si un étonnant processus de guérison s’était soudain enclenché, au-delà de toute logique, et surtout sans aucune explication médicale rationnelle.
Ce que les croyants de toutes les religions considèrent comme des guérisons miraculeuses, qu’ils imputent à la foi des personnes concernées, interpelle le monde scientifique de plein fouet, l’amenant à se poser des questions fondamentales. Comment expliquer ces remissions spontanées ? Quel sens donner à la guérison d’une maladie à priori incurable qui dépasse la compréhension de la majeure partie des médecins ? Comment appréhender ce processus, qui visiblement surpasse les domaines de la physiologie et de la biologie, les systèmes de santé et les pratiques de guérison traditionnels, et dont certains disent qu’il concerne aussi la psychologie et la spiritualité ?
Comment admettre, par-delà nos définitions rationnelles modernes, qu’il puisse y avoir une « autre manière de guérir » qui soit plus performante que les traitements les plus sophistiqués ? Ces guérisons inexpliquées, dès lors qu’elles mettent en lumière un processus totalement inconnu, nous interpellent et nous placent face à une évidence : la nécessité de revoir fondamentalement notre conception de la maladie, d’envisager d’autres voies pour retrouver un équilibre vital, d’identifier les liens subtils unissant l’esprit et le corps, et pourquoi pas de mettre en oeuvre différentes « pratiques de guérison », ce que les ethnopsychiatres et les ethnopsychologues, ou encore les tenants de la psycho-neuro-immunologie faisant appel aux données de la psychologie, la neurologie, l’immunologie et l’endocrinologie, appellent les mondes contemporains de la guérison.
Bernard Baudouin
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