Aujourd’hui, nous dormons de plus en plus mal. Selon une étude de l’Institut national du sommeil et de la vigilance de janvier 20151, quatre Français sur dix souffrent de troubles du sommeil. Insomnies, apnée du sommeil sont leur lot quotidien.


Prologue : Longtemps, je me suis couché sans écrans. Un livre à la main, l’imaginaire en bandoulière, sérieux et calme, soucieux d’installer une ambiance sereine aux portes du sommeil pour m’abandonner dans les bras de Morphée.

Aujourd’hui, nous dormons de plus en plus mal. Selon une étude de l’Institut national du sommeil et de la vigilance de janvier 20151, quatre Français sur dix souffrent de troubles du sommeil. Insomnies, apnée du sommeil sont leur lot quotidien. Ces difficultés pour s’endormir sont liées, entre autres, à la prolifération d’écrans dans les chambres. Selon un sondage récent, mené par l’institut Ipsos2, six Français sur dix disposeraient d’au moins un écran dans leur chambre. Parmi les adultes, 20 % se réveillent la nuit pour lire leurs e-mails ou leurs SMS. Chez les moins de vingt-cinq ans, 35 % d’entre eux s’endorment leur smartphone sous l’oreiller, et se réveillent au signal de l’arrivée d’un texto. De plus, les Français, tous âges confondus, dorment de moins en moins longtemps. La moyenne était de huit heures en 2000. Elle est tombée à six heures trente. « Nombre d’individus sont en dette de sommeil », explique le Dr Jean-Pierre Giordanella.

En 2014, un chercheur américain, Jonathan Crary, professeur à l’université de New York, fit paraître un ouvrage édifiant en la matière : 24/7 Le capitalisme à l’assaut du sommeil. « Nous sommes en train de formater des générations connectées vingt-quatre heures sur vingt-quatre et sept jours sur sept », déplore-t-il. C’est du pain bénit pour le système ultralibéral qui souhaite faire de tout citoyen un consommateur en acte. Or, « l’argent ne dort jamais », explique Gordon Gekko, le héros du film Wall Street incarné à l’écran par Michael Douglas. Un des traits caractéristiques de l’identité du nouvel Homo, c’est d’être un individu hyperconnecté. La prolifération des écrans dans notre environnement est phénoménale : rues, gares, transports en commun, salles d’attente, couloirs, halls d’immeubles, partout la connexion s’impose à nos sens. Les études récentes , menées par des neuropsychiatres, témoignent que cette prolifération a une incidence sur notre cerveau. On lit moins longtemps. On a de plus en plus de mal à se concentrer pour lire sur un support papier. D’autant plus que l’effet addictif des écrans est impressionnant. Et ce n’est qu’un début. Sans être devins, nous pouvons présager aisément que le phénomène est appelé à prendre de l’ampleur dans les années et les siècles à venir. Quels enjeux sur notre santé psychique ? Quels impacts sur nos relations ? Sur notre manière de communiquer avec les autres, avec nous-mêmes ? Sur notre façon de voir le monde ? Sur notre « être au monde » , tout simplement ? Comment éduquer Homo connecticus ? L’un des paradoxes de la connectivité est qu’à la fois elle nous rapproche et nous éloigne les uns des autres, et, dans un certain sens, de nous même. Le Web et les smartphones nous mettent à une portée de clic de tout le monde. Ils permettent d’obtenir un lien au monde, sans pour autant avoir à s’y frotter.

Ces dernières années, on assiste à la conjonction d’un confort domestique accru (tout disponible de chez soi), et d’une perception d’un monde extérieur menaçant. La connectivité influe sur notre style de vie contemporain. Au Japon, on vit apparaître au début des années 2000 le phénomène des Hikikomori (le terme signifie « retranchement » , « confinement »). On désigne ainsi ces adolescents qui se mettent délibérément en retrait de toute vie sociale extérieure, ne vont plus à l’école et décident de vivre isolés dans leur chambre. Ils n’ont de lien avec l’extérieur que par les réseaux sociaux et Internet. Certains d’entre eux demeurent dans cet état durant plusieurs années, vivant aux côtés de parents désemparés, ne trouvant plus aucune solution pour sortir leurs enfants de cette situation peu enviable. « Aujourd’hui, nous avons tous plusieurs adresses » » , explique Michel Serres. Votre adresse e-mail est aussi le lieu où vous êtes joignable, dans l’univers du numérique. Depuis dix ans, nous sommes entrés dans l’ère du tout connecté. Fin 2014, d’après l’Union internationale de télécommunications, nous étions 2,9 milliards de Terriens à avoir accès à l’Internet. Un nombre en forte augmentation, plus de six cents millions par rapport à 2013. Néanmoins, la Commission internet pour le développement du numérique dans le monde prévient que de grosses disparités sont présentes sur la planète. D’une manière générale, c’est dans toute l’Europe du Nord que l’on trouve les pays les plus connectés au monde : la Norvège, la Suède et le Danemark, avec respectivement 95,1 %, 94,8 % et 94,6 % de leurs populations ayant accès à Internet. Paradoxalement, les États Unis n’ont que 84,2 % de leur population connectée à Internet. Ce sont les pays pauvres et en voie de développement qui sont les plus démunis avec près des deux tiers de leur population qui n’ont aucun accès à Internet.

La France, de son côté, arrive en vingtième position, avec 81,9 % de personnes connectées au Net. Mais c’est sur l’Internet fixe que notre pays est très bien placé : cinquième au classement mondial, avec 38,8 % des habitants ayant une connexion fixe. Ce phénomène, non seulement, accroît la mondialisation des échanges, mais elle l’accélère. « Notre société de la connexion internet globale va devoir affronter une pandémie de problèmes psychologiques dans un futur proche » ,affirme Tamaki Saito, découvreur du phénomène Hikikomori. Il évoque les risques d’hypersédentarisation, mais également diverses maladies du narcissisme, en rapport à la prolifération de représentations de soi par des images sur différents supports. Au risque de sombrer dans l’angélisme, on pourrait se réjouir en listant tous les atouts que le numérique offre à l’humanité, toutes les pistes à explorer.

Dans le même temps, l’avènement d’Homo connecticus soulève un tel nombre de questions existentielles, d’interrogations sur son présent et son avenir, sur son identité, sur ses égarements, sur ses déviances, que son étude, pour un psychosociologue, en devient passionnante.

Sommes-nous tous devenus Homo connecticus par la force des choses ? Pas exactement. Il existe encore quatre milliards d’êtres humains qui vivent sans Internet, et près de huit cents millions qui vivent sans l’électricité, chiffres de l’ONU à l’appui. En France, fin 2014, on dénombrait encore près de cent cinquante zones blanches. C’est ainsi que l’on qualifie les zones dépourvues de toute connexion. Combien de temps encore tous ces humains resteront-ils en marge du Connectic World ?

Pour les autres, les 40 % de l’humanité connectée, tant de questions existentielles se posent : que penser des amitiés, des amours virtuelles et de ces avatars qui nous représentent dans l’univers du connecté ? Sommes-nous tous voués à devenir des drogués, « googelisés » jusqu’à la moelle ? Depuis 2008, je prône l’éducation à la communication Haute Qualité Relationnelle. C’est ma mission de vie. Elle ne peut se passer de la réelle présence. L’hyperconnectivité nous tire-t-elle plus vers des attitudes à dominante basse qualité relationnelle ou à dominante haute qualité relationnelle ?

Indéniablement, le numérique impacte, peu ou prou , sur la qualité de nos relations, aux autres, et à soi-même. En « un monde de plus en plus « insécure » politiquement, où l’on sent sourdre la guerre » , dixit le journaliste Edwy Plenel, Homoconnecticus se trouve à un carrefour de l’histoire de l’humanité. Faut -il avoir peur de cette révolution numérique qui impacte tous les domaines de l’existence ? Vie privée, vie publique, scolarité, travail, amour, santé et vie citoyenne. C’est à toutes ces questions que cet ouvrage va tenter d’apporter, humblement, des éléments de réponse.

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Site de l’auteur : http://christophemedici.com

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